Pathologies et traitements

Hallux valgus
L’hallux valgus ou « oignon » est une déformation de la première articulation métatarso-phalangienne caractérisée par la déviation latérale (valgus) du gros orteil et la protubérance médiale de la première tête métatarsienne (M1). Cette déformation est le plus souvent dégénérative mais elle peut aussi être constitutionnelle. Dans le premier cas elle fait suite à la dégradation des structures stabilisatrices de l’articulation ce qui favorise l’action des forces déformantes. L’hallux valgus constitutionnel, quant à lui, repose sur une morphologie atypique de l’articulation associée à un déséquilibre des forces agissant sur l’articulation. Les chaussures étroites ou à talons n’en sont pas la cause primaire même si elles constituent un facteur favorisant la survenue d’un hallux valgus chez les femmes après 65 ans.
Les symptômes incluent la douleur en regard de la première tête métatarsienne, le développement de lésions cutanées à cet endroit, un conflit entre le premier orteil et le second, des douleurs sous les têtes métatarsiennes par transfert des charges et le développement d’orteils en griffe ou en marteau. Les douleurs sont exacerbées par le port des chaussures mais peuvent aussi finir par se manifester à pieds nus.
Traitement
Le traitement conservateur initial inclut avant tout le bon sens, à savoir le choix de chaussures confortables ce qui implique souvent un sacrifice esthétique. De petites orthèses de maintien en silicone ou en tissu élastique peuvent apporter un certain soulagement. L’utilisation d’attelles nocturnes de « redressement » est une torture inutile. En effet, non seulement la déformation est irréversible mais, à la faveur du sommeil nocturne, c’est de repos et de détente dont nos pieds ont besoin.
Ostéotomies du premier métatarsien : le principe est de pratiquer une coupe (ostéotomie) du premier métatarsien pour le replacer en position anatomique. On aborde la première articulation métatarso-phalangienne par une incision à sa face interne. L’articulation est libérée des structures déformantes puis on pratique l’ostéotomie précitée. Le premier métatarsien est ainsi séparé en deux parties dont l’une, dorsale, reste fixe et l’autre, plantaire, est mobile. C’est cette dernière, qui inclut la tête métatarsienne, qui va être translatée latéralement pour replacer la tête du premier métatarsien en bonne position. La fixation entre les deux parties intervient alors en général par des vis. Dans quelques cas on peut aussi pratiquer des coupes osseuses spéciales qui permettent de rendre la correction autostable et donc de ne pas nécessiter de fixation par des vis. La plupart du temps on pratique également une petite ostéotomie de fermeture médiale de la phalange basale du gros orteil pour parfaire l’alignement. En post-opératoire vous séjournez 1-2 nuits à l’hôpital, vous pouvez vous lever dès le premier jour postopératoire, en charge selon douleurs, sous la protection d’une chaussure spéciale et d’un pansement pour 6 semaines. La technique de pansement vous est montrée ICI. Le retour à un travail sédentaire intervient en général 4-8 semaines après l’opération, la reprise d’un travail physiquement contraignant au plus tôt après trois mois. Les complications potentielles incluent notamment la non-consolidation osseuse, les retards de cicatrisation, l’infection, la récidive, les problèmes ou gênes liés au matériel implanté.
Correction d’un hallux valgus par ostéotomie scarf du premier métatarsien avec fixation par deux vis
Correction d’un hallux valgus par ostéotomie scarf du premier métatarsien sans fixation avec radiographie postopératoire immédiate et à 4 mois postopératoires une fois l’ostéotomie consolidée
Correction d’un hallux valgus par ostéotomie en chevron long du premier métatarsien avec fixation par deux vis et ostéotomie de la phalange basale du gros orteil fixée par une vis

Hallux rigidus
L’hallux rigidus est une arthrose de la première articulation métatarso-phalangienne (MTP1). Elle peut avoir pour origine des microtraumatismes répétés, un traumatisme unique (fracture, entorse sévère, etc.), des troubles morphologiques ou de l’alignement articulaire ou encore des maladies inflammatoires. On observe un amincissement progressif du cartilage articulaire et la formation d’ostéophytes (becs de perroquet) sur le pourtour de l’articulation qui augmentent ainsi son volume global.
Les symptômes incluent une réduction douloureuse de la mobilité articulaire avec des difficultés au déroulement du pas, une gêne au chaussage donnée par les ostéophytes et par la tuméfaction.
Traitement
Le traitement conservateur vise à donner suffisamment de place à l’articulation épaissie par le choix d’un chaussage adapté et à faciliter le déroulement du pas par l’utilisation de chaussures comportant une bonne barre de déroulement pour l’avant-pied (Fig). Des supports plantaires comportant une plaque en carbone sous l’articulation métatarso-phalangienne peuvent également limiter la douleur en protégeant l’articulation de contraintes trop importantes. Des infiltrations de corticostéroïdes agissent en tant qu’anti-inflammatoire local puissant et entrent également dans la palette des options conservatrices.
Cheilectomie : le terme est emprunté au grec ancien et désigne littéralement la « résection des lèvres ». Il s’agit de la résection des ostéophytes, assimilés à des lèvres, dans le but de diminuer les volumes et protubérances gênantes de l’articulation et de faciliter le déroulement du pas. Cette intervention est réalisable pour autant qu’un potentiel articulaire (cartilage) suffisant soit encore présent. On aborde l’articulation par une incision longitudinale médiale. En post-opératoire vous séjournez 1-2 nuits à l’hôpital, vous pouvez vous lever dès le premier jour postopératoire, en charge selon douleurs, sous la protection d’une chaussure spéciale jusqu’à acquisition cicatricielle, soit pour 2-4 semaines.
Arthrodèse de la première articulation métatarso-phalangienne : il s’agit d’un blocage chirurgical de l’articulation. On aborde l’articulation par une incision longitudinale médiale, on résèque les ostéophytes et le cartilage usé, on avive les surfaces articulaires et on fixe l’articulation par des vis ou par une plaque. En post-opératoire vous séjournez 1-2 nuits à l’hôpital, vous pouvez vous lever dès le premier jour postopératoire, en charge selon douleurs, sous la protection d’une chaussure spéciale pour 6 semaines. Le retour à un travail sédentaire intervient en général 4-8 semaines après l’opération, la reprise d’un travail physiquement contraignant au plus tôt après trois mois. Les complications potentielles incluent notamment la non-consolidation osseuse, les retards de cicatrisation, l’infection, la malposition, les problèmes ou gênes liés au matériel implanté.
Arthrodèse de la première articulation métatarso-phalangienne avec fixation par deux vis obliques
Arthrodèse de la première articulation métatarso-phalangienne avec fixation par une plaque dorsale et une vis oblique
Morton
La névralgie de Morton est une irritation du nerf digito-plantaire associée la plupart du temps à une bursite plus ou moins volumineuse. Elle peut être causée par une surcharge de l’avant-pied, entrer dans le cadre des atteintes dégénératives de l’avant-pied et même faire suite à un traumatisme. La localisation la plus fréquente est le 3e espace intermétatarsien, on le rencontre aussi souvent dans le 2e espace.
Les symptômes ne sont pas uniformes. Ils peuvent s’exprimer sous forme de douleurs diffuses de l’avant-pied, de sensations électrisantes, de sensations de brulures, de sensations compressives. Bien des patient(e)s relatent la notion de « déchaussage impérieux », c’est-à-dire le besoin impérieux d’enlever la chaussure et de masser l’avant-pied pour obtenir un soulagement.
Traitement
Le traitement conservateur : il arrive que des supports plantaires atténuent la symptomatologie mais ce n’est pas la règle. Des chaussures suffisamment larges peuvent aussi parfois être bénéfiques. L’acupuncture peut aussi parfois apporter un soulagement. Une infiltration de l’espace intermétatarsien est fréquemment pratiquée et peut s’avérer très efficace, parfois même de manière durable. De plus, une telle infiltration permet de conforter le diagnostic.
La prise en charge chirurgicale peut être proposée lorsque le traitement conservateur atteint ses limites. Elle consiste à réséquer le nerf irrité et la bursite d’accompagnement à l’occasion d’une hospitalisation de deux jours. A premier jour postopératoire vous pourrez vous lever sous la protection de chaussures spéciales jusqu’à acquisition cicatricielle 2-4 semaines après l’opération. Le retour à un travail sédentaire est rapidement possible, un travail lourd ne sera en général pas possible avant 6 semaines. La résection du nerf engendre naturellement une légère diminution de la sensibilité dans les orteils concernés mais ceci n’a pas d’influence sur la fonction du pied. Le succès de l’opération dépasse largement 90%. Les complications potentielles incluent notamment un retard de cicatrisation, une infection, voire la persistance d’une induration dans l’espace concerné.

Arthrose de cheville
L’arthrose de cheville est un processus dégénératif irréversible comprenant une dégradation du cartilage articulaire plaçant l’articulation dans un processus inflammatoire et douloureux. Au stade terminal de l’arthrose le cartilage a presque disparu de sorte que l’articulation se trouve dans une situation “os contre os”. L’arthrose de cheville est le plus souvent post-traumatique (séquellaire de fractures ou de lésions ligamentaires), elle peut aussi résulter de défauts d’axe, de malformations ou encore de manque de stabilité articulaire par insuffisance ligamentaire ou musculaire.
Les symptômes incluent la douleur, la tuméfaction et l’altération de la mobilité articulaire. Le traitement initial est en général conservateur. Lorsqu’il ne soulage plus assez, une prise en charge chirurgicale peut être proposée et les trois options les plus pratiquées sont la chirurgie conservatrice, l’arthrodèse de cheville ou la mise en place d’une endoprothèse.
Traitement
Le traitement conservateur inclut des mesures mécaniques et chimiques. Les premières visent d’une part à stabiliser la cheville, par exemple sous forme d’une chevillière, de tapes ou de chaussures montantes, d’autre part à faciliter le déroulement du pas par intégration à la chaussure d’une barre de déroulement et d’un talon amortisseur. A noter que bien des baskets comportant ces qualités sont disponibles dans le commerce. Les mesures chimiques incluent la prescription de médicaments antalgiques (Paracetamol par exemple) et anti-inflammatoires non-stéroïdiens (Ibuprofen, Diclofenac par exemple) et aussi les infiltrations de la cheville par des corticostéroïdes. La physiothérapie incluant l’école de marche, la tonification et la mobilisation de la cheville en décoaptation peut aussi apporter sa pierre à l’édifice thérapeutique.

La chirurgie conservatrice consiste à améliorer la fonction de la cheville par des gestes qui maintiennent l’articulation originale. Ces gestes incluent des résections de conflits osseux, des corrections d’axe et des opérations de rééquilibrage musculo-tendineux ou ligamentaires.
L’arthrodèse de cheville signifie le blocage chirurgical de la cheville.

- Le principe de l’arthrodèse est de supprimer la douleur articulaire en fusionnant les surfaces malades de l’articulation. Contrairement à ce qu’on pense intuitivement la marche est très peu altérée par une cheville bloquée. En effet, les articulations voisines de la cheville sont capables de compenser en grande partie la perte de mobilité de la cheville. Naturellement, cette sollicitation des articulations voisines peut conduire, à terme, au développement d’arthrose de ces dernières et nécessiter une chirurgie additionnelle. Ceci n’intervient en général pas avant 15-20 ans. L’arthrodèse est la meilleure solution pour les patients jeunes et physiquement très actifs.
- Technique chirurgicale : une incision est pratiquée à la face latérale de la cheville, dans certains cas à la face antérieure. Les surfaces articulaires usées sont préparées par abrasion du cartilage restant et avivement de l’os puis la fixations de l’articulation intervient par des vis, parfois par des plaques.
- Suites opératoires : vous resterez alité(e) 48 heures puis, au deuxième jour postopératoire (J2), le / la physiothérapeute vous enseignera la déambulation en charge partielle de 10 kg du membre opéré. Un premier changement de pansement sera effectué durant l’hospitalisation. La sortie de la clinique intervient en général à 3-4 jours après l’opération. L’immobilisation par plâtre ou attelle sera de 12 semaines. Durant les 6 premières semaines la charge partielle de 10 kg sera autorisée, ensuite vous l’augmenterez progressivement pour arriver à la charge totale à 3 mois post-opératoires. Les contrôles minimaux incluent un changement de pansement au Centre du pied 1-2 semaines après l’opération et des radiographies à 6 et 12 semaines postopératoires. En général on compte au moins une année pour que l’opération déploie tous ses bénéfices.
- Les complications potentielles incluent notamment les retards de cicatrisation, la non-consolidation, l’infection, la thrombose veineuse profonde, les lésions vasculaires ou neurologiques, la malposition. A terme, de l’arthrose des articulations voisines peut se développer.
L’arthroplastie totale de cheville signifie le remplacement de l’articulation par une endoprothèse constituée de métal et de polyéthylène.

- Le principe de ce traitement est de conserver à la cheville une certaine mobilité. C’est une intervention qui est pratiquée depuis une quarantaine d’années. Elle apporte de très bons résultats en termes d’atténuation de la douleur et d’amélioration de la fonction pour autant que les patient(e)s soient soigneusement sélectionné(e)s. Autrement dit elle n’est pas appropriée à tous les patient(e)s souffrant d’arthrose de cheville et on évitera notamment de la proposer à des patient(e)s jeunes, à des travailleurs /-euses de force, à des adeptes de loisirs physiquement contraignants ou encore en cas de qualité osseuse ou tissulaire insuffisante.
- Technique chirurgicale : une incision est pratiquée à la face antérieure de la cheville. A l’aide des guides de coupe précis les zones articulaires usées sont réséquées et remplacées par les implants prothétiques disponibles en plusieurs tailles de sorte à correspondre à la morphologie de chaque cheville. Les implants incluent une pièce tibiale et une pièce talienne métalliques séparées par une pièce de polyéthylène qui fait office de « cartilage ». La fixation os-implant se fait par ostéointégration, c’est-à-dire que l’os va pousser dans l’interface poreuse de l’implant pour l’agripper biologiquement à terme. L’incision est refermée et la cheville est placée dans un plâtre jambier ou dans une attelle de marche.
- Suites opératoires : vous resterez alité(e) 48 heures puis, au deuxième jour postopératoire (J2), le / la physiothérapeute vous enseignera la déambulation en charge partielle de 10-20 kg du membre opéré. Un premier changement de pansement sera effectué durant l’hospitalisation. La sortie de la clinique intervient en général à 3-4 jours après l’opération. L’immobilisation par plâtre ou attelle sera de 6 semaines durant lesquelles la charge partielle de 10-15 kg sera autorisée. Ensuite vous suivrez un protocole de physiothérapie détaillé et vous pourrez charger progressivement jusqu’à atteindre la charge totale à 12 semaines postopératoires. Des contrôles au Centre du pied ont lieu à 1-2 semaines après l’opération pour un changement de pansement ainsi qu’à 6 et 12 semaines pour des radiographies. En général on compte au moins une année pour que l’opération déploie tous ses bénéfices.
- Les complications potentielles incluent notamment les retards de cicatrisation, l’infection, la thrombose veineuse profonde, les lésions vasculaires ou neurologiques, la malposition, le descellement des implants, la formation d’ossifications autour de la prothèse avec limitation consécutive de la mobilité articulaire. La durée de vie des implants est de l’ordre de 10-15 ans à l’issue desquels un changement de prothèse ou la conversion en arthrodèse (blocage chirurgical de la cheville) seront peut-être nécessaires.
Pied plat
La notion de pied plat est vaste. Il est très important de savoir qu’une partie de la population présente des pieds plats parfaitement fonctionnels. On parle alors de pied plat constitutionnel et ces pieds, non seulement ne sont pas malades mais, a fortiori, ne nécessitent aucun traitement. En revanche, lorsqu’un pied plat se développe au cours de l’existence, on parle de pied plat acquis. Il s’agit d’un processus dégénératif qui survient en général en deuxième partie de vie et qui repose sur une altération des structures stabilisatrices de l’arche longitudinale du pied. Il peut devenir symptomatique et nécessiter alors une prise en charge médicale.
Les symptômes incluent des douleurs, initialement à la face médiale de l’arrière-pied puis parfois en regard de sa face latérale, une tuméfaction, des zones d’hyperappui, une fatigabilité accrue du pied et une altération de la capacité propulsive. La déformation sollicite les articulations du pied de manière anormale et de l’arthrose peut alors se développer à ces endroits et intensifier la symptomatologie douloureuse tout en créant des zones d’enraidissement. Ainsi, au fil du temps, alors que la déformation initiale est souple et réductible elle peut se figer et donc devenir irréductible.
Traitement
Le traitement conservateur initial inclut des mesures visant à corriger la déformation. Il s’agit de la prescription de supports plantaires soutenant l’arche longitudinale du pied, éventuellement de chaussures stabilisatrices. De la physiothérapie d’enseignement de renforcement de la musculature stabilisatrice du pied est aussi efficace. Si ces mesures simples ne suffisent pas et qu’une prise en charge chirurgicale n’entre pas en ligne de compte un chaussage orthopédique sur mesure peut être envisagé.
La chirurgie consiste elle aussi à corriger la déformation. Lorsque la déformation est encore souple une chirurgie dite conservatrice peut être envisagée. Elle inclut des ostéotomies (coupes osseuses) correctrices et des transferts de tendons. Si la déformation est fixée et dans d’autres cas où le processus est avancé une chirurgie correctrice stabilisatrice est réalisée, elle inclut des arthrodèses (blocage chirurgical d’articulations) correctrices. Les spécialistes du Centre du pied détermineront avec vous la solution la plus appropriée à votre situation.
Questions fréquentes :
Un plâtre est-il nécessaire après chirurgie du pied plat ?
- La chirurgie du pied plat appartient aux chirurgies « lourdes » du pied. Le pied doit être mis au repos à la suite de ces interventions. De plus, les gestes réalisés doivent être protégés des contraintes habituelles. Ainsi, dans la plupart des cas, une immobilisation dans une botte de marche en résine synthétique ou dans une botte du commerce est nécessaire pour plusieurs semaines. Dans la plupart des cas également la mise en charge du pied doit être allégée et l’usage de cannes anglaises est nécessaire.
Instabilité de la cheville
L’instabilité de la cheville est le plus souvent latérale, parfois médiale et, plus rarement combinée. Elle fait en général suite à un traumatisme (entorse de la cheville) au cours duquel des ligaments sont déchirés et guérissent ensuite de manière insuffisante.
Les symptômes incluent l’instabilité, comme son nom l’indique, c’est-à-dire qu’on se tord facilement la cheville, qu’on appréhende le terrain inégal et qu’on ne fait pas confiance à la tenue de sa cheville. Ces phénomènes d’instabilité peuvent être accompagnés de douleurs, voire d’épisodes de tuméfaction.
Traitement
Le traitement conservateur est appliqué en première instance dans la plupart des cas. En effet, ce n’est que dans quelques situations spécifiques qu’un traitement chirurgical primaire est indiqué. Les mesures conservatrices visent avant tout à améliorer la proprioception et le contrôle musculaire de la cheville. Il s’agira donc d’une prise en charge en physiothérapie où des exercices à réaliser quotidiennement seront enseignés. Parfois, pour la pratique du sport, l’application d’un tape peut s’avérer efficace. Ici aussi, c’est le/la physiothérapeute qui enseignera la réalisation correcte du taping.
La chirurgie peut être proposée si les effets d’un traitement conservateur bien conduit sont insuffisants. Il existe plusieurs techniques chirurgicales de stabilisation de la cheville dont les détails doivent être établis avec votre chirurgien(-ne) en fonction de votre situation spécifique. De manière générale on parle de réaliser une plastie ligamentaire, c’est-à-dire de retendre ou de renforcer les ligaments déficients. Ceci a en général lieu à l’occasion d’une hospitalisation de 1.2 jours et nécessite une immobilisation dans une botte de marche en résine durant 4-6 semaines à la suite de quoi une chevillière sera encore utilisée durant quelques semaines en même temps que le protocole de physiothérapie sera conduit. La reprise des sports de pivot et des travaux lourds peut intervenir après un minimum de 3 mois. La reprise de sports dans l’axe, comme le vélo, est plus précoce de même que le retour à une activité professionnelle sédentaire ou légère. Les résultats de cette chirurgie sont très prédictibles et apportent satisfaction dans la majorité des cas. Les complications potentielles incluent notamment les troubles de cicatrisation, l’infection, la lésion d’une branche nerveuse sensitive, la thrombose veineuse profonde et la récidive de l’instabilité.
Tendinopathie d’Achille
La tendinopathie d’Achille est une maladie causée par un manque de souplesse des chaînes postérieures, par des phénomènes dégénératifs ou encore par des micro-lésions de surcharge répétées du tendon ou/et de son insertion au calcanéus. On distingue les tendinopathies insertionnelles des tendinopathies non-insertionnelles.
Les symptômes incluent essentiellement des douleurs le long du tendon d’Achille qui surviennent à la mise en route, à l’effort ou après l’effort, parfois les trois à la fois. Elles s’accompagnent parfois de tuméfaction voire d’un épaississement du tendon ou de son insertion.
Traitement
Le traitement conservateur initial inclut avant tout des exercices d’étirement à réaliser de manière consciencieuse et pluriquotidienne. Des mesures antalgiques en physiothérapie peuvent aussi être proposées. Plus récemment, et bien que leur efficacité ne soit pas encore bien établie scientifiquement, des infiltrations de PRP (plasma riche en plaquettes) sont également entrées dans l’arsenal thérapeutique.
Cliquez sur le lien ci-dessous pour découvrir un protocole de traitement de la tendinopathie d’Achille non-insertionnelle
Le traitement chirurgical dépend de la localisation de la tendinopathie, soit insertionnelle versus non-insertionnelle. Il inclut des mesures tendineuses et / ou osseuses dont les détails doivent être discutés avec votre chirurgien(-ne). Dans la majorité des cas ces interventions nécessiteront 1-2 nuits d’hospitalisation et une immobilisation dans une botte de marche pour plusieurs semaines avec l’usage de cannes pour décharger le membre opéré.
Rupture du tendon d’Achille
La rupture du tendon d’Achille survient typiquement à l’occasion de la réception d’un saut, d’une propulsion puissante, d’un démarrage brusque ou encore lors de la dorsiflexion forcée du pied qui tombe dans un trou. La plupart du temps cette lésion arrive sans symptômes préalables. Les patient(e)s ressentent souvent un « coup de couteau » ou un « coup de pied » à la base du mollet, ils / elles peuvent avoir l’impression d’un claquage et, lors de la pratique du sport en salle, il n’est pas rare que le claquement soit audible.
Les symptômes incluent la perte de force de flexion plantaire du pied, une tuméfaction parfois douloureuse et la sensation de perte de continuité de ls structure tendineuse.
Traitement
Le traitement peut être conservateur ou chirurgical, il doit être discuté au cas par cas avec votre chirurgien(-ne).
Le traitement conservateur inclut l’immobilisation de la cheville et du pied dans une botte de marche en résine synthétique ou du commerce en flexion plantaire dont l’angulation sera réduite petit à petit au cours de 8 semaines. A l’issue de ce temps nous recommandons l’utilisation de chaussures à talon on des talonnettes de 1 cm durant 1 mois encore en combinaison avec le protocole de physiothérapie. La reprise des sports dans l’axe comme le vélo, la marche ou la natation est possible rapidement mais la reprise des sports de pivot (football, tennis, basket, etc.) ne doit pas inter venir avant 5 mois. Le risque de re-rupture reste élevé durant toute l’année qui suit le traumatisme et il faut donc observer une prudence particulière (échauffement, stretching) durant cette période. Les complications potentielles incluent notamment la re-rupture (3-7% des cas), la guérison en discret allongement avec une perte de puissance consécutive et la thrombose veineuse profonde en raison de l’immobilisation.
Le traitement chirurgical se fait la plupart du temps par une méthode mini-invasive à l’occasion d’une hospitalisation de 2 jours. On pratique une courte incision en regard de la rupture par laquelle on glisse un instrument qui permet de réaliser une suture en cadre (Fig). Le protocole postopératoire est le même que pour le traitement conservateur. Aux complications potentielles du traitement conservateur s’ajoutent naturellement les troubles de guérison cicatricielle et l’infection. Au contraire du traitement conservateur, cependant, la guérison en discret allongement n’est presque jamais constatée. Il n’y a pas de consensus quant au risque de re-rupture que le traitement soit conservateur ou chirurgical.
Arthrose du pied
L’arthrose est un processus dégénératif irréversible comprenant une dégradation du cartilage articulaire plaçant l’articulation dans un processus inflammatoire et douloureux. Au stade terminal de l’arthrose le cartilage a presque disparu de sorte que l’articulation se trouve dans une situation « os contre os ». L’arthrose peut affecter toutes les articulations du pied. Le présent chapitre est consacré à quelques autres articulations marquantes du pied.
Traitement
L’arthrose de l’articulation sous-talienne intéresse les surfaces situées entre le talus et le calcanéus. Elle peut avoir pour origine une déformation du pied (pied plat, pied creux) qui engendre une mauvaise répartition des charges dans l’articulation et, ainsi, son usure précoce ou alors des maladies inflammatoires. L’origine la plus fréquente est, toutefois, traumatique. C’est notamment le cas des séquelles de fractures du calcanéus ou du talus. L’arthrose sous-talienne entraîne un enraidissement douloureux de l’arrière-pied. Les douleurs sont ressenties typiquement comme un étau ou comme transfixiantes de l’arrière-pied, souvent elles sont aussi ressenties dans le talon. Le traitement conservateur initial inclut des chaussures stabilisatrices et une médication antalgique. Des infiltrations de l’articulation par des corticostéroïdes sont aussi souvent bénéfiques. A l’épuisement du traitement conservateur une arthrodèse (blocage chirurgical) de l’articulation sous-talienne est proposée. Elle entraîne une atténuation significative voire une suppression des douleurs sans entraver significativement la fonction du pied. La protection de l’arthrodèse nécessite une immobilisation dans une botte de marche en résine synthétique ou dans une botte du commerce pour 10-12 semaines et l’utilisation de cannes anglaises.
L’arthrose de l’articulation de Chopart composées des articulations talo-naviculaire et calcanéo-cuboïdienne peut avoir pour origine des séquelles de malformation, des séquelles de déformation (pied plat, pied creux), des maladies inflammatoires et des séquelles traumatiques (fractures). Cette arthrose entraîne un enraidissement douloureux de l’arrière-pied. Le traitement conservateur initial inclut des chaussures stabilisatrices et comportant une barre de déroulement, une médication antalgique et des infiltrations par des corticostéroïdes. Si ces mesures ne suffisent pas une arthrodèse (enraidissement chirurgical) d’une ou des deux composantes de l’articulation de Chopart peut être proposée. Elle entraîne une atténuation significative voire une suppression des douleurs. L’arthrodèse de l’articulation calcanéo-cuboïdienne entrave très peu la fonction du pied, celle de l’articulation talo-naviculaire restreint fortement les mouvements de l’arrière-pied mais reste compatible avec une excellente capacité fonctionnelle qui permet le maintien de la plupart des activités quotidiennes et sportives. La protection de l’arthrodèse nécessite une immobilisation dans une botte de marche en résine synthétique ou dans une botte du commerce pour 10-12 semaines et l’utilisation de cannes anglaises.
L’arthrose de l’articulation de Lisfranc peut avoir pour origine des déformations du pied, des maladies inflammatoires ou encore des séquelles traumatiques. Elle entraîne un enraidissement douloureux du médio-pied particulièrement expressif lors du déroulement du pas. Le traitement conservateur inclut l’utilisation de chaussures comportant une barre de déroulement, de supports plantaires soutenant l’arche longitudinale du pied, de la médication antalgique et des infiltrations par des corticostéroïdes. A l’épuisement de ces mesures une arthrodèse (enraidissement chirurgical) d’une ou de plusieurs parties de l’articulation du Lisfranc pourra apporter un soulagement significatif voire une suppression des douleurs en laissant, toutefois, une certaine rigidité au médio-pied qui sera tout de même compatible avec l’exercice de la plupart des activités quotidiennes et sportives. La protection de l’arthrodèse nécessite une immobilisation dans une botte de marche en résine synthétique ou dans une botte du commerce pour 10-12 semaines et l’utilisation de cannes anglaises.
Radiographies montrant une arthrose du Lisfranc traitée par arthrodèse à l’aide de plaques et vis
Les talalgies
La fasciite plantaire
Il s’agit d’une inflammation du fascia plantaire à son origine calcanéenne. Le fascia plantaire est un puissant ligament qui contribue au maintien de la voûte plantaire. Il s’étend du calcanéus à la base des orteils. Il est aussi en continuité avec l’insertion du tendon d’Achille.
Le syndrome du tunnel tarsien
Il s’agit d’une souffrance du nerf tibial causée en général par une compression, plus rarement par une atteinte du nerf lui-même. Comme le nerf circule dans un canal non expansible, le tunnel tarsien, toute augmentation de volume des structures situées dans ce canal, comme typiquement les veines, peut induire une compression du nerf. Un rétrécissement du canal, par exemple à l’issue d’un traumatisme est lui aussi susceptible de causer une compression du nerf tibial. Une atteinte du nerf lui-même par un traumatisme ou une maladie est également possible.
Le syndrome du nerf de Baxter
Le nerf de Baxter est une branche du nerf tibial qui, lorsqu’elle est comprimée ou irritée provoque des douleurs de la partie plantaire de la coque talonnière, juste dans la zone d’appui du talon.
Traitement
Traitement de la fasciite plantaire
Dans l’énorme majorité des cas la fasciite plantaire est traitée conservativement avec succès. La clé de voûte du traitement est l’étirement progressif des chaînes postérieures et du fascia plantaire lui-même par des exercices que le/la patient(e) doit réaliser de manière conséquente et disciplinée. L’enseignement de ces exercices peut être donné initialement par un(e) physiothérapeute. Toutefois, ce ne seront pas des séries prolongées de physiothérapie qui apporteront le succès, c’est bien l’assiduité du / de la patient(e). En cliquant sur ce lien BROCHURE TALALGIES_CP vous trouverez des instructions relatives à la pathologie et aux exercices à effectuer.
Traitement du syndrome du tunnel tarsien et de celui du nerf de Baxter
Votre orthopédiste vous proposera volontiers une infiltration locale, soit par un anesthésique pour confirmer le diagnostic, soit par un anesthésique associé à des corticostéroïdes dans un but thérapeutique anti-inflammatoire local. En fonction de l’évolution de la symptomatologie à la suite de ce traitement conservateur une chirurgie de décompression des nerfs atteints pourra être discutée.